Guy Ourisson

Guy Ourisson

Guy OURISSON était un chimiste de renommée mondiale qui a apporté une contribution décisive au développement de la recherche chimique en France. Sa curiosité était sans limite et il a initié de nombreux thèmes de recherche très fructueux dans plusieurs domaines de la chimie : chimie des substances naturelles, chimie et biologie végétale, allergologie, géochimie organique, chimie prébiotique, neurochimie…Il a fondé le très respecté « Groupe d’Etudes de Chimie Organique ». Ses mérites scientifiques ont été reconnus par vingt-cinq prix scientifiques français et étrangers; il était membre de douze académies nationales, membre d’honneur des sociétés chimiques de Belgique et de Suisse et membre de la Royal Society et docteur Honoris Causa de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich…

Ce grand savant fut aussi un pédagogue hors pair, un maître sachant se mettre sans réserve au service de ses élèves à qui il savait remarquablement transmettre sa science et sa curiosité. Il a ainsi donné des orientations décisives et accompagné plus d’une centaine de doctorants ; ses laboratoires ont accueilli environ 180 collaborateurs d’une quarantaine de nationalités et il a eu des élèves aux profils aussi divers que Jean-Marie LEHN, prix Nobel de Chimie 1987 et Liliane DE LASSUS qui a été la première femme directeur chez Renault.

Ce scientifique fut aussi un humaniste curieux de tout, mélomane averti, fine plume, orateur brillant et très convaincant. Il fut aussi et surtout un homme de cœur, un pragmatique réaliste à l’optimisme inébranlable, un homme aux yeux pétillants de malice qui a su gagner l’admiration et l’affection de ses interlocuteurs.

Homme d’engagement et de fidélité, il a été nommé en 1955, à 29 ans, professeur à l’Université de Strasbourg dont il a ensuite dirigé l’Institut de Chimie avant de devenir le premier président de l’Université Louis Pasteur (de 1971 à 1976) dont il est devenu professeur honoraire en 1995 et où il a continué à être très actif jusqu’à son dernier souffle.

De telles qualités l’ont amené à assumer de multiples responsabilités au niveau national. Il a ainsi notamment été Directeur Général des Enseignements Supérieurs et de la Recherche au Ministère de l’Education Nationale (en 1981-1982) et Directeur de l’Institut de Chimie des Substances Naturelles du CNRS à Gif-sur-Yvette (de 1985 à 1989) avant de devenir en 1999-2000, pour la première fois depuis la création de cette institution en 1666 par Colbert, le premier non parisien élu à la présidence de l’Académie des Sciences. A cette occasion, il a été à l’origine de la création de l’Académie des Technologies en décembre 2000.

Citoyen français engagé, il était commandeur de la Légion d’Honneur et Grand Officier de l’Ordre National du Mérite.

Artisan convaincu et efficace des relations entre la recherche académique et la recherche industrielle, il a conseillé de nombreuses entreprises et fut notamment président du conseil scientifique de Rhône-Poulenc et de la compagnie Générale des Eaux devenue Vivendi, membre des conseils scientifiques de l’Institut Français du Pétrole, de Transgène, Sanofi Aventis, Hoffmann La Roche… .

Scientifique sans frontière, il a créé à Strasbourg et présidé jusqu’à sa mort la Fondation nationale Alfred Kastler, chargée d’améliorer l’accueil des chercheurs étrangers en France et de garder un lien avec eux après leur départ. Il a aussi consacré beaucoup d’énergie au développement de la science dans des pays comme le Liban, le Maroc et le Burkina Faso.

Alsacien fidèle, il a assuré en 1996 la présidence de la Fondation Alsace qu’il a remarquablement relancée. Il a, à ce titre, remis dès 1997 le prix spécial du Jury de la Fondation Alsace au Dr. Georg ENDRESS qui militait alors pour le concept de Biovalley.

Eveilleur de talents soucieux de faciliter les recherches et la reconnaissance des jeunes scientifiques, il a pris de nombreuses initiatives en faveur des jeunes chercheurs et a notamment créé Sciencia Europea pour faciliter les échanges entre les jeunes chercheurs européens les plus prometteurs.

Homme d’écoute et de dialogue, il a lancé en 2004 le Cercle Gutenberg qui regroupe tous les chercheurs alsaciens membres d’une grande académie nationale ou internationale, du Collège de France ou de l’Institut Universitaire de France. Son but était alors de faire se rencontrer les grands scientifiques alsaciens pour qu’ils oeuvrent ensemble au développement de l’excellence de la recherche dans notre région. Le Cercle Gutenberg a organisé plusieurs rencontres entre décideurs politiques et scientifiques en Alsace et est à l’origine des Chaires Gutenberg, chaires d’excellence destinées à attirer dans notre région des ténors de la recherche mondiale.