Guy Dirheimer

Né le 14 juillet 1931, j’ai passé ma jeunesse et la guerre à Strasbourg. En 1944 mes parents, mon frère Yves et moi-même furent arrêtés par la Gestapo et envoyés dans un camp SS à Schelklingen (Wurtemberg, All.). Nous fûmes libérés par l’armée américaine fin avril 1945.

Après des études de pharmacie, de biochimie et de physiologie je fus recruté comme stagiaire de recherches au CNRS dans le laboratoire du professeur J.P.Ebel en 1955. J’ai d’abord travaillé sur la structure et la fonction des polyphosphates inorganiques dans la levure et chez des bactéries. Ces recherches furent interrompues par 28 mois de service militaire dans un laboratoire du Service de santé des Armées à Lyon, où j’ai isolé et étudié un substrat soluble du lysozyme. J’ai passé un doctorat d’état en pharmacie sur ce sujet en 1961, puis, en 1964, un doctorat ès sciences sur la nature des phosphates condensés chez les microorganismes et l’isolement de quelques enzymes intervenant dans leur utilisation métabolique. Après un post-doc dans le laboratoire du professeur R.W.Holley à l’université Cornell à Ithaca(USA), je me suis tourné vers l’étude des acides ribonucléiques de transfert (ARNt), essentiels dans la biosynthèse des protéines, qui devinrent le sujet de mes recherches pendant 35 ans.

Au niveau universitaire, suite à l’agrégation de chimie biologique en 1964, j’ai quitté le CNRS où j’avais été nommé chargé de recherches, pour un poste  maître de conférences (équivalent de professeur de 2° classe actuel). Je fus nommé professeur sans chaire en 1968, enfin professeur titulaire de la chaire de toxicologie à la Faculté de Pharmacie de Strasbourg en 1969.

Président du Conseil transitoire de Gestion, chargé des fonctions de doyen de la Faculté de Pharmacie de 1969 à 1970 je fus nommé doyen honoraire de la Faculté de Pharmacie en 1971.

J’ai pu recruter rapidement un petit groupe de chercheurs motivés et travailleurs,  issus de la faculté de pharmacie ou de la faculté des sciences, avec lesquels j’ai pu isoler de nombreux ARNt, afin d’en déterminer la structure et celle de leurs nucléotides rares. Nous avons découvert leur coupure spécifique par le plomb et étudié plusieurs aminoacyl-ARNt–synthétases. Ces études ont été à l’origine de nombreux travaux des chercheurs de l’Institut de Biologie moléculaire et cellulaire du CNRS, où je localisais mon équipe dès sa construction en 1974. Parallèlement j’ai effectué des recherches en toxicologie moléculaire découvrant, dès 1967, le mécanisme d’action de la ricine, protéine hépatotoxique du ricin, sur les ribosomes, donc sur la synthèse protéique. Un autre sujet, à cheval sur la toxicologie et la biochimie, fut l’étude du mécanisme d’action d’une mycotoxine néphrotoxique, l’ochratoxine A. Nous mîmes en évidence son effet  sur la charge des ARNt et  finalement sa fixation covalente à l’ADN. Enfin nous pûmes découvrir, dès 1977,  l’inhibition de la méthylation biologique de l’ADN par des cancérogènes chimiques, sujet, qui depuis, a pris un grand développement avec l’épigénétique. J’ai été nommé directeur adjoint de l’IBMC en 1985 et en fus le directeur de 1992 à 1993.

J’ai enfin fait partie de nombreuses organisations scientifiques : Membre de l’European Molecular Biology Organisation (EMBO) depuis 1974, président de la Société française de Biochimie et de la Société française de Toxicologie (1979-1980), secrétaire général de la Fédération des Sociétés européennes de Biochimie (FEBS) (1984-1989) et Président de la FEBS (1999-2003), j’ai également été Président d’EUROTOX (Fédération des Sociétés européennes de Toxicologie) (1990-1992). Je suis membre de l’Académie Nationale de Médecine depuis 1988.

 Pour plus de détails voir : Dirheimer G. (2005).  Wearing two hats, dans : Selected Topics in the History of Biochemistry- Personal Recollections IX, Elsevier édit., Comprehensive Biochemistry, 44, 165-265.